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Au Chili, le candidat d’extrême droite José Antonio Kast emporte la présidence

Au Chili, la victoire de l’ultraconservateur José Antonio Kast au second tour de la présidentielle avec près de 58 pour cent des voix face à Jeannette Jara s’inscrit dans une poussée des droites radicales en Amérique du Sud, portée par l’insécurité et la question migratoire.

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SANTIAGO — Le Chili a basculé nettement à droite avec l’élection de José Antonio Kast, candidat ultraconservateur du Parti républicain, vainqueur du second tour de la présidentielle face à la candidate de gauche Jeannette Jara. Selon des résultats largement repris par la presse, Kast l’emporte avec un peu plus de 58 pour cent des voix contre un peu moins de 42 pour cent pour Jara, qui a reconnu sa défaite. 

Ce succès marque l’un des tournants politiques les plus marquants depuis la fin de la dictature en 1990, dans un pays qui avait été, ces dernières années, au cœur d’une séquence réformatrice portée par la gauche après les grandes manifestations de 2019. Kast, longtemps identifié à une droite dure et à une lecture sécuritaire de l’État, a recentré son discours sur l’ordre public, en reléguant au second plan les thèmes de société qui avaient polarisé ses campagnes précédentes. 

Il doit prendre ses fonctions le 11 mars 2026, au terme d’une transition qui sera scrutée à la fois par les forces politiques chiliennes et par les capitales de la région. 

L’ordre comme promesse, les limites comme réalité

La campagne a été dominée par la montée des préoccupations liées à l’insécurité, à l’implantation de réseaux de crime organisé et à l’augmentation des migrations irrégulières, des sujets sur lesquels Kast a construit l’essentiel de son offre politique. Il a promis un durcissement de l’arsenal sécuritaire, l’appui accru des forces armées dans certaines zones, un renforcement des contrôles aux frontières et une politique migratoire plus restrictive, avec des expulsions accélérées. 

Ce récit d’une « reprise en main » a aussi rencontré une attente économique. Kast s’est engagé sur une trajectoire de réduction de la dépense publique et a cherché à rassurer les milieux d’affaires, dans un contexte de croissance jugée insuffisante et de défiance envers la capacité de l’État à répondre vite aux urgences quotidiennes. Les premiers signaux de marché ont été interprétés comme une anticipation d’un cap plus favorable aux entreprises, même si la concrétisation dépendra de la dynamique parlementaire. 

Car l’ampleur de la victoire ne règle pas tout. Le nouveau président devra composer avec un Congrès divisé, susceptible de freiner les réformes les plus controversées, notamment sur les sujets sociétaux. Plusieurs analyses évoquent un mandat fort sur le plan symbolique, mais contraint par les équilibres institutionnels, ce qui pourrait pousser Kast à arbitrer entre fidélité à sa base et recherche de compromis. 

Un effet régional, la droite dure gagne du terrain en Amérique du Sud

L’élection chilienne résonne bien au-delà de Santiago. Elle s’inscrit dans une dynamique de poussée des droites dures en Amérique latine, portée par des thèmes qui circulent d’un pays à l’autre, sécurité, rejet des élites, discours anti immigration, promesse d’efficacité immédiate. Reuters relie explicitement la victoire de Kast à une séquence régionale marquée par des succès récents de la droite en Argentine, en Équateur et au Salvador, avec des styles différents mais des ressorts comparables. 

Le cas chilien a une portée particulière car le pays était devenu, depuis 2019, un symbole des attentes de transformation sociale, puis des désillusions face à la lenteur institutionnelle et à l’usure du pouvoir. Le vote en faveur de Kast ne signifie pas mécaniquement une adhésion totale à un agenda idéologique homogène, mais il traduit un déplacement des priorités, la demande d’ordre et de contrôle l’emportant sur les promesses de refondation. 

Reste une inconnue majeure pour la région, la capacité de ces droites à gouverner durablement sans se heurter à des sociétés fracturées et à des contre pouvoirs institutionnels. Au Chili, Kast arrive au pouvoir avec un mandat clair, mais aussi avec un risque politique, celui d’alimenter de nouvelles tensions si la réponse sécuritaire se traduit par une crispation durable du débat démocratique.

Le Diplomate

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