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Australie : attaque armée antisémite à Bondi Beach pendant Hanouka

Au lendemain d’une attaque armée qualifiée de terroriste et antisémite contre une célébration de Hanouka à Bondi Beach (Sydney), qui a fait au moins 15 morts et une quarantaine de blessés, le gouvernement australien a annoncé vouloir durcir encore la législation sur les armes à feu.

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SYDNEY — L’Australie s’est réveillée endeuillée, lundi 15 décembre, au lendemain d’une attaque armée visant une célébration de Hanouka sur la plage emblématique de Bondi Beach, à Sydney. Les autorités ont qualifié les faits d’acte terroriste et d’attaque ciblant la communauté juive. Le dernier bilan disponible fait état d’au moins 15 victimes, auxquelles s’ajoute l’un des assaillants, abattu par la police, portant le total à 16 morts. Plus de 40 personnes ont été blessées, dont deux policiers.  

L’attaque a eu lieu dimanche 14 décembre en début de soirée, alors que des centaines de personnes participaient à un événement public organisé par un mouvement communautaire juif, présenté comme une fête familiale (« Chanukah by the Sea ») avec animations et stands. Selon des reconstitutions médiatiques et des témoignages, deux hommes armés ont ouvert le feu pendant 10 à 20 minutes, provoquant un mouvement de panique sur le sable et dans les rues adjacentes.  

La police de Nouvelle-Galles du Sud a indiqué avoir retrouvé des armes et plusieurs engins explosifs artisanaux liés aux assaillants, rendus inoffensifs. Les scènes filmées par des témoins — ensuite authentifiées par des médias — montrent des tirs depuis un point surélevé, avant une intervention armée des forces de l’ordre.  

Deux suspects : un père et son fils, l’aîné tué, le plus jeune dans le coma

Les autorités n’ont pas, à ce stade, rendu publics les noms des assaillants. Plusieurs médias australiens les ont toutefois identifiés comme Sajid Akram (50 ans) et son fils Naveed Akram (24 ans). D’après les informations communiquées par le gouvernement, le père serait arrivé en Australie en 1998 avec un visa étudiant, et le fils est né en Australie. Le père a été tué lors de l’échange de tirs avec la police ; le fils est hospitalisé sous garde, dans un état critique / comateux.  

L’attaque relance une question sensible en Australie : celle de l’accès aux armes à feu. La police a précisé que l’aîné disposait d’une licence et de six armes enregistrées, acquises légalement. Le gouvernement fédéral juge désormais nécessaire de revoir les règles de durée, de contrôle et de volume d’armes détenues par un même titulaire.  

Un suspect déjà connu des services : une piste jihadiste examinée en 2019

Le Premier ministre Anthony Albanese a confirmé que le suspect de 24 ans avait attiré l’attention de l’ASIO (renseignement intérieur) en 2019, au terme d’un examen ayant conclu — à l’époque — à l’absence d’indication d’une menace imminente. ABC News a rapporté que cette évaluation portait sur des liens avec une cellule se revendiquant de l’État islamique à Sydney. L’enquête doit désormais déterminer le degré de préparation, d’idéologie et d’éventuels soutiens, alors que des éléments (dont un drapeau lié à l’EI, selon des médias) ont été évoqués dans la voiture des suspects.  

Les autorités sanitaires australiennes ont fait état d’au moins 38 blessés pris en charge à l’hôpital (plus de 40 selon d’autres bilans), parmi lesquels deux policiers. L’âge des victimes s’étend de 10 à 87 ans. Les autorités n’ont pas publié de liste officielle, mais plusieurs identités ont émergé dans la presse : le rabbin Eli Schlanger (organisateur), le survivant de la Shoah Alexander Kleytman, ainsi qu’un ressortissant français, Dan Elkayam, cité par les autorités françaises et par des médias. Israël a également confirmé la mort d’un de ses citoyens.  

Au milieu du chaos, un civil — identifié par plusieurs médias comme Ahmed al Ahmed, commerçant à Sydney — est devenu l’un des visages de la réponse collective : des images le montrent se jetant sur l’un des tireurs, parvenant à le désarmer avant d’être blessé par balle. Des responsables politiques australiens ont publiquement salué son courage ; l’homme a été hospitalisé.  

Antisémitisme : un climat déjà sous tension en Australie

L’attaque de Bondi s’inscrit dans un contexte de hausse documentée des actes antisémites. Un plan officiel publié en juillet par l’envoyée spéciale australienne contre l’antisémitisme, Jillian Segal, évoque une augmentation de 316% des incidents entre octobre 2023 et septembre 2024, avec plus de 2 000 cas recensés (menaces, agressions, vandalismes, intimidations).  

D’autres comptages, cités par l’agence AP, mentionnent 1 713 incidents en 2024, et rappellent que l’Australie (environ 28 millions d’habitants) compte près de 117 000 Juifs, concentrés majoritairement à Sydney et Melbourne.  

Canberra a également, ces derniers mois, durci le ton sur certaines attaques antisémites : l’Australie a accusé l’Iran d’avoir dirigé au moins deux opérations (incendies criminels) sur son sol, décision suivie de mesures diplomatiques. Les autorités soulignent toutefois qu’aucun lien n’est établi à ce stade entre ces dossiers et l’attaque de Bondi.  

Réponse politique : durcissement annoncé des lois sur les armes

Le Premier ministre Anthony Albanese a convoqué une réunion d’urgence et annoncé une série de pistes : accélération d’un registre national des armes, limitation du nombre d’armes détenues par un individu, révision des règles de licence, et recours accru au renseignement criminel dans l’évaluation des titulaires. Plusieurs États et territoires se sont dits prêts à harmoniser et renforcer le cadre.  

Cette inflexion intervient dans un pays où les tueries de masse restent rares depuis le durcissement majeur adopté après le massacre de Port Arthur (1996), qui avait fait 35 morts et conduit à l’accord national sur les armes à feu.  

L’enquête est menée comme un dossier de terrorisme, avec analyses balistiques et examens forensiques. La question d’éventuelles complicités est officiellement examinée, même si plusieurs responsables ont indiqué ne pas rechercher, à ce stade, un troisième tireur. En parallèle, la police a renforcé la présence autour des synagogues et lieux de culte, et des cellules d’aide psychologique ont été déployées pour les témoins et les familles.  

Le Diplomate

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