Le Nigeria et la France ont signé un protocole d’accord de coopération fiscale visant la modernisation de l’administration de l’impôt, sur fond de débat local autour de la souveraineté des données.
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Le Nigeria et la France ont signé un protocole d’accord de coopération fiscale visant la modernisation de l’administration de l’impôt, sur fond de débat local autour de la souveraineté des données.

Le Nigeria et la France ont signé, le 10 décembre 2025 à Abuja, un protocole d’accord entre l’administration fiscale nigériane, la Federal Inland Revenue Service, et la Direction générale des finances publiques française. L’initiative est présentée comme un cadre de coopération visant à moderniser l’administration de l’impôt au Nigeria, dans un contexte de réformes internes et de montée en puissance des outils numériques dans la collecte et le contrôle fiscal.
Cette signature intervient à quelques semaines d’une transition institutionnelle annoncée au Nigeria, la FIRS devant évoluer vers la Nigeria Revenue Service à partir de janvier 2026. Dans la communication officielle relayée par plusieurs médias, les deux parties mettent en avant un partenariat de renforcement de capacités et de partage d’expertise, plutôt qu’un traité fiscal au sens juridique.
Selon les informations publiées au Nigeria, le protocole vise d’abord la transformation digitale des processus fiscaux, avec l’objectif d’améliorer la gestion de la conformité, la qualité du service aux contribuables et l’efficacité des contrôles grâce à une approche davantage pilotée par la donnée. Il est aussi question de développement des compétences, via la formation et la structuration de standards professionnels pour les équipes.
Par ailleurs, l’accord élargit la coopération en fiscalité internationale, notamment sur l’échange d’informations, les prix de transfert et les cadres liés au BEPS, c’est à dire la lutte contre l’érosion de la base taxable et le transfert de bénéfices. L’ambition affichée est de renforcer la transparence et les mécanismes de contrôle sur les opérations transfrontalières, dans un environnement où les administrations cherchent à mieux capter la valeur créée et à limiter les stratégies d’optimisation agressive.
Enfin, plusieurs articles précisent que la signature a été formalisée par le président de la FIRS, Zacch Adedeji, et l’ambassadeur de France au Nigeria, Marc Fonbaustier, agissant au nom de la partie française.
Toutefois, l’annonce a rapidement suscité un débat au Nigeria, certains acteurs politiques et de la société civile exprimant des inquiétudes sur la souveraineté des données fiscales et le risque d’un accès étranger à des informations sensibles. Des formations politiques et des personnalités publiques ont demandé davantage de transparence, tandis que des organisations régionales ont appelé à une remise en cause de l’accord.
En réponse, la FIRS a publié, le 14 décembre 2025, une clarification affirmant que le protocole est un cadre de coopération limité à l’assistance technique et au renforcement des capacités, sans accès accordé à la France aux données des contribuables, aux systèmes numériques ou à l’infrastructure opérationnelle nigériane. L’administration insiste également sur le maintien des règles nationales en matière de protection des données, de cybersécurité et de souveraineté.
Dans ce contexte, le protocole s’inscrit dans une relation fiscale bilatérale déjà structurée par une convention de non double imposition entre la France et le Nigeria, mais il relève, en l’état, d’un instrument de coopération administrative et non d’une refonte des règles conventionnelles de taxation. L’enjeu principal, désormais, sera de mesurer la mise en œuvre concrète du partenariat, son périmètre réel en matière d’échange d’informations et sa capacité à produire des gains de conformité sans alimenter durablement la controverse sur la gouvernance des données.
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