À Berlin, le secrétaire général de l’OTAN a lancé un avertissement d’une rare gravité, appelant les Européens à se préparer à une guerre de haute intensité comparable à celles du XXe siècle.
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À Berlin, le secrétaire général de l’OTAN a lancé un avertissement d’une rare gravité, appelant les Européens à se préparer à une guerre de haute intensité comparable à celles du XXe siècle.

Depuis Berlin, le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte a prononcé un discours au ton inhabituellement sombre, appelant les alliés à se préparer à un conflit d’une ampleur comparable à celui qu’ont vécu leurs grands-parents et arrière-grands-parents. Dans sa prise de parole, il a insisté sur l’idée que la guerre est revenue durablement sur le continent européen et que l’urgence n’est plus théorique, mais stratégique, industrielle et politique.
Dès lors, le message se veut autant dissuasif que mobilisateur. En filigrane, il s’agit de convaincre les opinions publiques et les gouvernements que le temps long ne joue pas nécessairement en faveur de l’Europe, surtout si l’effort militaire et la préparation collective demeurent fragmentés. Ainsi, le patron de l’Alliance a martelé que trop d’alliés ne perçoivent pas encore la gravité de la menace, et qu’il faut accélérer avant que la crise ne bascule.
Dans ce contexte, la référence aux guerres du XXe siècle vise à frapper les esprits. Elle met en scène une perspective de conflit total, avec une économie convertie au rythme des arsenaux, des chaînes logistiques sous tension, une pression sur la protection civile et des sociétés confrontées à l’idée de sacrifices. Autrement dit, ce discours ne se limite pas à une alerte diplomatique, il dessine une doctrine de préparation, pensée pour dissuader Moscou et réduire la vulnérabilité européenne.
Sur le fond, Mark Rutte a surtout demandé une montée en puissance rapide des moyens. Il a exhorté les pays alliés à augmenter les dépenses de défense et, surtout, à accroître la production, en soulignant que l’enjeu n’est pas seulement le niveau des budgets, mais la capacité à fabriquer, livrer, réparer et tenir dans la durée. Par ailleurs, cette logique renvoie directement aux difficultés mises en lumière par la guerre en Ukraine, notamment la consommation massive de munitions et la nécessité d’industries capables d’un effort prolongé.
En parallèle, le discours cherche à produire un effet d’entraînement. Plus les alliés affichent une cohésion budgétaire et industrielle, plus la dissuasion est crédible. Néanmoins, l’équation politique reste délicate, car réarmer vite suppose des arbitrages internes, des achats coordonnés, une harmonisation des standards et des capacités de production qui ne se décrètent pas du jour au lendemain.
Enfin, l’intervention intervient dans un climat européen déjà tendu par l’idée d’un basculement durable vers l’économie de défense. L’argument central est simple. Si la Russie a pu soutenir un effort militaire prolongé, l’Europe doit être capable, elle aussi, d’endurer un choc, de protéger ses infrastructures et d’éviter la surprise stratégique.
Sans surprise, la réaction russe a été immédiate. Le Kremlin a accusé Mark Rutte d’irresponsabilité et a rejeté l’idée d’une menace directe contre l’OTAN, présentant ces déclarations comme une mise en scène destinée à entretenir la peur et à justifier la militarisation occidentale. Moscou a également récusé les scénarios d’escalade vers une confrontation ouverte avec l’Alliance.
Cependant, côté occidental, l’argument inverse domine. Plusieurs responsables européens estiment qu’une victoire russe en Ukraine pourrait accroître le risque de pression militaire, de chantage stratégique ou d’actions hybrides contre des États alliés, surtout sur le flanc Est. Ainsi, la mise en garde de l’OTAN s’inscrit dans une séquence où la guerre en Ukraine reste le prisme principal de lecture des intentions russes, tandis que les initiatives diplomatiques, elles, peinent à stabiliser le front.
Au final, le discours de Berlin vise autant à prévenir une guerre qu’à préparer les sociétés à la possibilité du pire. Il met l’Europe face à une question politique brute. Peut-elle retrouver une posture de puissance, au sens capacitaire du terme, sans attendre que l’histoire lui impose son calendrier.
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